Samedi 22 mars a eu lieu au Salon du livre sur le stand de la plateforme de streaming d’ebooks Youboox une table ronde très intéressante intitulée « le prochain best-seller sera-t-il auto-édité ? », en présence de David Forrest (auteur, pionnier de l’auto-édition), de Fabien Sauleman co-fondateur de Youboox, d’Elisabeth Sutton d’IDBoox.com, de Laurent Bettoni (auteur indépendant, coach littéraire), et de la journaliste Delphine Japhet de l’émission Un livre un jour.
Vers une meilleure diffusion des auteurs indépendants
Pour commencer, il est vraiment positif de constater l’accès des auteurs indépendants à des plateformes de vente en ligne ou de streaming (la condition étant d’avoir un numéro de siret). Fabien Sauleman de Youboox a expliqué que la plateforme était bien adaptée à leur diffusion car le système d’abonnement favorise la découverte. Par contre, il a émis l’idée qu’il manquait peut-être encore un acteur entre l’auteur et la plateforme pour lire et évaluer la qualité des textes proposés, autrement dit pour les filtrer (compte tenu du manque d’intervention éditoriale parfois observé).
Pour une professionnalisation de l’auto-édition
Deuxième constat, l’auteur indépendant est seul non seulement dans le processus d’écriture, mais également dans toutes les autres étapes qui permettront à son texte de trouver un lectorat. Une position moins confortable que celle d’un auteur dont le texte est pris en charge par l’éditeur et retravaillé avec lui (cependant, Laurent Bettoni a souligné que s’il avait été choyé par certains éditeurs, il n’a pas toujours trouvé le soutien escompté dans d’autres maisons d’édition). David Forrest, quant à lui, a confirmé le besoin d’être écouté ou simplement lu par des bêtas lecteurs car l’auteur est assez mauvais juge de sa propre production. Tous deux sont tombés d’accord sur l’idée que s’entourer de professionnels pour les corrections, la couverture, etc. contribuera à légitimiser l’auto-édition en améliorant la qualité de la production, mais que c’est aussi un moyen de déléguer des tâches parfois ardues et surtout de s’entourer.
Des univers critiques parallèles
Enfin, la question de la visibilité des auteurs indépendants a largement été débattue. Laurent Bettoni a affirmé qu’une fois la présence sur les réseaux engagée, si les textes rencontrent un lectorat, les choses se font petit à petit, si tant est qu’on ait un minimum d’intérêt pour la communication. Questionnée sur le traitement de la production auto-éditée par les médias, Delphine Japhet a expliqué que par respect pour un public encore très peu équipé de liseuse, Un livre un jour mentionnait peu la production numérique. Cependant, elle effectue une veille sur le web, notamment en suivant les blogs littéraires. Elle a d’ailleurs recommandé aux auteurs de créer leur propre blog, à la manière d’un carnet ouvert sur leurs projets d’écriture. Sur cette question, les auteurs présents ont regretté que les médias traitent le « phénomène » de l’auto-édition sous l’angle unique des « performances » liées aux ventes, et ne s’intéressent que très peu à leur écriture. Elisabeth Sutton a avancé l’idée que les lecteurs étaient finalement les meilleurs ambassadeurs des textes des auteurs indépendants, via les commentaires échangés sur le web. Les deux auteurs ont acquiescé, voyant dans le travail critique des blogs l’équivalent pour l’édition indépendance de ce que fait la presse avec l’édition traditionnelle.
En attendant…
En conclusion, alors que les solutions de diffusion s’améliorent, les auteurs indépendants ont tout intérêt à se professionnaliser pour acquérir plus de légitimité, notamment auprès d’une presse encore timorée. En attendant, il est important de bien comprendre l’environnement web dans lequel évoluent les textes et de ne pas sous-estimer le rôle de relais que peuvent avoir certains lecteurs.