Photo Treize Minutes Marseille 2023

Treize Minutes Marseille : des chercheurs à la rencontre des citoyens

La 10e édi­tion des Treize Minutes Marseille a eu lieu le 4 avril der­nier. Cet évé­ne­ment, désor­mais ins­tal­lé dans le pay­sage de la culture scien­ti­fique locale, per­met à des cher­cheurs issus de dif­fé­rentes dis­ci­plines de com­mu­ni­quer sur leurs travaux.

Un format de médiation scientifique original 

Cette année, les Treize Minutes avaient lieu à l’Espace Julien, une salle de spec­tacle située dans le quar­tier popu­laire de La Plaine, à Marseille. L’événement a réuni un public de curieux venu assis­ter à une série de six confé­rences de 13 minutes cha­cune sur des sujets aus­si variés que la refo­res­ta­tion, la théo­rie des jeux, la sur­pêche, la langue des signes, la micro­sco­pie optique ou la musique cérébrale.

Les Treize Minutes Marseille sont orga­ni­sées depuis 2013 par Aix-Marseille Université, sur une idée ori­gi­nale de l’u­ni­ver­si­té Paris-Diderot. Le for­mat des confé­rences s’ins­pire des confé­rences TED (« Technology, Entertainment, Design ») qui visent à « dif­fu­ser des idées ins­pi­rantes et nova­trices à tra­vers le monde » grâce à des vidéos de talks acces­sibles en lignes. Le for­mat court des inter­ven­tions rompt avec celui des com­mu­ni­ca­tions des sémi­naires aca­dé­miques, car il répond à une exi­gence : rendre acces­sibles des infor­ma­tions scien­ti­fiques à des non-spécialistes. 

L’enjeu est de per­mettre à la socié­té de se sai­sir des connais­sances pro­duites par les cher­cheurs. Car si la révo­lu­tion numé­rique a ren­du acces­sibles les infor­ma­tions scien­ti­fiques, grâce à des pla­te­formes comme OpenEdition, par exemple, la socié­té peine encore à s’emparer de ces res­sources. En com­plé­ment, une média­tion scien­ti­fique incar­née est donc bien­ve­nue. L’objectif est d’é­clai­rer les citoyens afin de les aider dans leurs mobi­li­sa­tions. Ainsi, Sophie Gambardella, char­gée de recherche au CNRS, a conclu sa confé­rence sur la sur­pêche du thon en Méditerranée en rap­pe­lant que, dans ce cas pré­cis, l’o­pi­nion publique avait per­mis de faire réagir les organes politiques.

Communiquer sur les applications de la science 

Aix-Marseille Université pro­pose aux cher­cheurs tra­vaillant en son sein de par­ti­ci­per à sa pro­gram­ma­tion de culture scien­ti­fique. Comme cela a été pré­ci­sé en intro­duc­tion de l’é­vé­ne­ment, les six inter­ve­nants des Treize Minutes ont béné­fi­cié d’une for­ma­tion visant à les pré­pa­rer à manier l’art ora­toire. La fina­li­té est de leur per­mettre de com­mu­ni­quer sur les domaines d’ap­pli­ca­tion de leurs tra­vaux : Thomas Chaigne, char­gé de recherche au CNRS, a ain­si pu pré­sen­ter les béné­fices appor­tés par l’i­ma­ge­rie pho­to-acous­tique dans l’ex­plo­ra­tion des tis­sus bio­lo­giques. Agnès Trébuchon, ensei­gnante-cher­cheuse et pra­ti­cienne à l’hô­pi­tal de La Timone, a quant à elle expli­qué com­ment la car­to­gra­phie des zones du lan­gage per­met d’ai­der aux prises de déci­sions médi­cales dans le cadre de la prise en charge de l’épilepsie. 

Les Treize Minutes font donc d’une pierre deux coups. L’exercice de vul­ga­ri­sa­tion scien­ti­fique est aus­si l’oc­ca­sion de com­mu­ni­quer sur la méthode scien­ti­fique et sur le rôle de la recherche dans la socié­té. La com­mu­ni­ca­tion se déroule en deux temps : l’in­te­rac­tion en direct avec le public pen­dant l’é­vé­ne­ment et la dif­fu­sion de vidéos des confé­rences a pos­te­rio­ri grâce à la chaîne Vimeo de Treize Minutes Marseille. En effet, le for­mat court de 13 minutes est par­ti­cu­liè­re­ment adap­té à une dif­fu­sion web effi­cace. Enfin, l’ac­ces­si­bi­li­té de l’é­vé­ne­ment a éga­le­ment été pen­sée, puisque les confé­rences étaient tra­duites en langue des signes en direct.

Infuser des connaissances dans la société

En conclu­sion, l’ambiance fes­tive, l’approche ludique, la scé­no­gra­phie de l’espace, et bien sûr la qua­li­té des expo­sés font des Treize Minutes un moment d’in­te­rac­tion réus­si entre les cher­cheurs et le public. Le dis­po­si­tif fami­lia­rise les citoyens avec des concepts scien­ti­fiques actuels, et ce fai­sant, leur trans­met des outils pour mieux inter­ve­nir dans le débat public. Ce qui per­met assu­ré­ment d’envisager l’avenir avec optimisme !